Ce dimanche 18 février, se tenait en l'église Saint Martin de Perpignan, la cérémonie de l'Appel décisif des catéchumènes, présidée par notre évêque, Monseigneur Thierry Scherrer
Chers amis catéchumènes,
Quand Dieu appelle, il envoie en mission. C’est tout l’enseignement de ces deux belles lectures que nous avons entendues.
A commencer par la théophanie du Buisson ardent au chapitre 3 de l’Exode. Une théophanie, c’est une manifestation de Dieu à l’homme. Ici, c’est Moïse qui est témoin d’une vision de lumière : Dieu lui apparaît sous la forme d’un feu qui vient embraser un buisson, mais sans le consumer. C’est une image anticipatrice de l’Incarnation : en Jésus, Dieu viendra incendier toute la création par le feu de l’Amour, Il le dira dans l’évangile : « Je suis venu allumer un feu sur la terre, et comme il me tarde qu’il soit déjà allumé » (Lc 12,49). Cela se produira à la Pentecôte, lorsque le Christ enverra l’Esprit Saint, feu de l’amour divin sur la création toute entière. Quand Dieu vient embraser la création de son feu, ce n’est pas pour la détruire, c’est pour la recréer, la transfigurer de l’intérieur. C’est ce qui se produira le jour de votre baptême. Vous allez ce jour-là être plongés dans le feu de l’amour ; vous allez être, comme Jésus, baptisés « dans l’Esprit Saint et dans le feu ».
Je retiendrai de ce récit trois expressions magnifiques qui nous disent l’amour fou de Dieu pour l’homme. C’est Dieu qui parle à Moïse, il lui adresse ces paroles bouleversantes : « J’ai vu la misère de mon peuple », « j’ai entendu ses cis, sa souffrance », « je suis descendu le délivrer ». Voilà esquissé tout le mouvement par lequel Dieu vient à la rencontre de l’homme : « j’ai vu, j’ai entendu, je suis descendu ». Dieu se révèle à Moïse comme un Dieu proche de l’homme, un Dieu de tendresse et de miséricorde qui, loin de rester insensible à nos souffrances, y communie à plein pour nous en délivrer. Vous êtes nombreux à avoir fait cette expérience de libération et de salut. Beaucoup d’entre vous m’ont partagé cette rencontre puissante par laquelle le Christ Jésus est venu les rejoindre et les rechercher au plus profond de leur nuit pour les en délivrer et les faire remonter à la lumière. C’est splendide ! Et voilà que Dieu appelle Moïse à être signe de cet amour libérateur et sauveur de Dieu pour son peuple : « Va, maintenant, je t’envoie vers Pharaon, tu feras sortir d’Égypte mon peuple ». Moïse a été choisi pour accompagner le peuple de l’Alliance sur ce chemin libérateur de l’exode, autrement dit de sortie de l’esclavage vers la terre de liberté. C’est ce qui va se produire aussi pour chacune et chacun de vous. En vous appelant à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne, Dieu vous envoie vers les autres, il vous confie la mission d’être signe de l’amour libérateur et sauveur du Christ pour eux.
C’est aussi un récit d’appel et d’envoi en mission que nous entendions dans l’évangile. Tandis qu’il marche le long de la mer de Galilée, Jésus appelle ses quatre premiers disciples pour en faire ses plus proches collaborateurs : André et Simon, Jacques et Jean sont des pécheurs professionnels. Matthieu nous dit : « Jésus vit deux frères et il leur dit : Venez derrière moi ! ». Jésus « vit », c’est le même regard que dans le récit du Buisson ardent : Jésus voit ses hommes en train de préparer leurs filets, il les voit d’un regard d’amour qui sonde les profondeurs de leur cœur, un regard qui pénètre à l’intime de chacun d’eux pour en faire surgir les forces vives, pour discerner en elles ce qu’il y a de plus authentique capacité d’aimer. Et Jésus leur dit : « suis-moi ». Je retiens cela : tandis qu’il marche, Jésus appelle ; tandis qu’il est en chemin, Jésus interpelle. La Parole de Dieu met l’homme en marche, en mouvement : « suis-moi » ! Et ces hommes, qui étaient immobiles dans leur barque, se lèvent tout-à-coup et immédiatement, ils suivent Jésus. De pêcheurs de poissons qu’ils étaient, ils vont devenir des « pêcheurs d’hommes ». Le Christ les rend responsables en quelque sorte, avec lui, de leur salut. Sans cesse, l’appel que Dieu nous adresse nous fait passer d’un être-pour-soi à un être-pour-les-autres ; sa Parole, à chaque instant, nous arrache à l’immobilité d’une vie égoïste et repliée sur nous-mêmes pour nous orienter dynamiquement vers les autres.
Dans cette lumière s’éclaire le sens de ce que nous vivons ce soir. On désigne la célébration qui nous rassemble au moyen de l’expression « Appel décisif ». Dans quelques instants, en effet, je vais vous appeler chacun par votre prénom. Cette interpellation nominative fait écho à l’appel de Dieu lui-même qui est toujours personnel. Comme le dit Jésus dans l’évangile : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis » (Jn 15, 16). Et puis je vais vous poser une deuxième question très importante : « Voulez-vous être initiés par les sacrements du Christ : le baptême, la confirmation et l’eucharistie ? ». Cette question est décisive pour la suite du parcours que vous avez commencé il y a plusieurs mois. Conscients en effet de cet appel personnel de Dieu, vous vous engagez en contrepartie à honorer toutes les exigences attachées aux sacrements que vous allez recevoir, en faisant le choix d’une conversion de toute votre vie au Christ Jésus, en prenant les moyens d’éclairer votre foi par la prière quotidienne et la méditation de la Parole, en participant à l’eucharistie du dimanche et en prenant part, plus largement, à la vie de la communauté paroissiale. Cette incorporation à la communauté paroissiale ne doit pas être seulement occasionnelle ; elle doit être aussi régulière que possible pour que vous découvriez dans l’Église cette famille qui vous aime et vous accueille, cette Mère qui nourrit et soutient votre foi. Cet engagement résolu, vous allez le signifier concrètement tout à l’heure en venant inscrire votre nom au registre des futurs baptisés accompagnés de votre parrain et de votre marraine. J’ajoute que si ce rite de l’appel décisif est toujours célébré au début du carême, c’est pour signifier que, catéchumènes et baptisés tous ensemble, nous voulons nous préparer à mieux participer au mystère pascal, en luttant contre le péché et en nous attachant à Jésus Christ, Sauveur, en suivant avec lui le chemin de l’amour.
Mes amis, soyez heureux de cet appel que Jésus ce soir vous adresse. Remerciez-le au fond de votre cœur pour la confiance qu’il vous fait et la mission qu’il vous confie. C’est toute notre Église diocésaine qui se réjouit avec vous.
✠ Thierry Scherrer, Évêque de Perpignan-Elne