Le Père Évêque a souhaité placer l’année pastorale qui s’ouvre sous le signe de la Mission. A Font Romeu, le 10 septembre, il a dévoilé les grandes lignes de cette réflexion diocésaine et un certain nombre d’actions qui seront menées. Pour Monseigneur Turini, dans les services et mouvements, les communautés religieuses, les communautés de paroisses ou dans la vie de tout pratiquant du diocèse, chaque action menée devra être guidée par cette élan missionnaire. Interview de rentrée d’un Évêque enthousiaste.
Monseigneur, quel est le sens de cette année pastorale 2017-2018 et de cet anniversaire du des 10 ans du synode diocésain ?
Cette année pastorale 2018 marquera le 10e anniversaire du Synode diocésain engagé par mon prédécesseur Mgr André Marceau. A l’issue de ce synode, des orientations pastorales ont été données au diocèse. Dix ans après, il m’a semblé important d’en recueillir les fruits. C’est dans cet esprit que j’ai souhaité placer cette nouvelle année pastorale sous le signe de la MISSION. Cet anniversaire aura donc une coloration missionnaire car je crois profondément que lorsqu’un évêque convoque un synode, il le fait toujours dans cette perspective. Avec les fruits du synode, j’ai voulu y ajouter deux aspects importants.
Quels sont ils ?
Rappeler dans un premier temps que tout baptisé confirmé est missionnaire, qu’il reçoit cette grâce dans les deux sacrements du baptême et de la confirmation et doit donc retrouver le sens de sa vie baptismale et le don de l’Esprit Saint qui ouvre nécessairement le chemin de la mission. Le Concile Vatican II n’a cessé de rappeler la nature missionnaire de l’église et de ses membres.
On comprend donc que le « Sens » de ces deux sacrements se perd au fil des années. Les baptisés confirmés sont-ils dans des automatismes de pratique ?
La mission est tout le contraire de l’installation. L’Évangile le souligne « Jésus n’avait pas une pierre où reposer sa tête. » Sa vie est toujours en mouvement pour aller à la rencontre des femmes et hommes de son temps, quelles que soient leurs situations, leurs conditions, dans le seul but de leur annoncer la joie du royaume de Dieu. Et déjà la mission commence dès sa conception, puisqu’il est sorti du père pour venir chez nous par le mystère de son incarnation. C’est donc de lui que nous recevons pour nous même et pour l’Église, cette impulsion missionnaire de porter l’Évangile à tous.
Qu’est-ce que cela implique pour la communauté catholique diocésaine ?
Cela suppose, pour nous, la volonté de sortir de nous-même, de notre confort et nos habitudes, de sortir de chez nous pour nous ouvrir aux autres. Le poids des habitudes et de la routine ont évidemment un effet anesthésiant sur l’élan missionnaire et c’est le danger qui nous guette tous : évêques, prêtres, fidèles… de nous installer dans un confort douillet qui nous replie sur nous-même et qui risque de replier l’Église sur elle-même.
Les vocations ne sont-elles pas, elles aussi, un élan vers la Mission ?
Oui. Nous avons la joie dans notre diocèse de compter 6 séminaristes. Le Carmel de Vinça accueille des regardantes et des postulantes. Trois chrétiens de notre diocèse se préparent au diaconat, sans oublier la vocation du mariage. Toutes ces vocations s’appellent et s’interpellent l’une l’autre et sont nécessaires à la vie d l’Église et à son témoignage. Toutes ces vocations sont missionnaires. Chacune d’entre elles est une histoire d’amour : celle de Dieu pour son peuple. Et être appelé, c’est répondre à l’interrogation de Jésus : « m’aimes-tu ? ». Lui répondre oui, dans la diversité des vocations, c’est ouvrir son cœur à son amour tout en s’ouvrant à l’ensemble de nos sœurs et frères. Plus on lui ouvre notre cœur et plus il l’ouvre aux autres. Par nos vocations nous sommes le signe, le sacrement oserais-je dire, de l’amour de Dieu pour tous. Cet amour est missionnaire et touche les cœurs.
Vous-même, avez à cœur, de rendre cet amour de Dieu et de toucher le plus grand nombre ?
Tout à fait. C’est vraiment dans ce but que je vis mes visites pastorales. Elles me permettent de visiter les fidèles de nos communautés chrétiennes mais aussi de découvrir les réalités concrètes de la vie locale à travers celles et ceux qui en sont les acteurs et de leur manifester ainsi la proximité du Christ et de l’Église sur leur propre terrain. Qu’ils soient croyants ou pas d’ailleurs. Ils sont très souvent touchés de l’intérêt que l’on porte à leurs vies et à leurs travails. À partir de là, je pense que tout croyant qu’il soit religieux ou laïc doit vivre des visitations comme Marie qui part chez sa cousine Elisabeth. Ces visitations font partie de sa vie baptismale, liées au don reçu de l’Esprit Saint et témoigne de son dynamisme missionnaire.
Et en terme de calendrier, cela se traduira de quelle manière ?
L’Aplec de Font-Romeu a été le coup d’envoi de cette année missionnaire – qui marquera le 10e anniversaire du synode – et sa trajectoire se poursuivra tout au long des neuf mois à venir, jusqu’au 16 juin 2018 où se déroulera un grand rassemblement diocésain au Parc Ducup : « Confirmés dans la mission ». Cette date soufflera-t-elle les dix bougies et la fin du synode ? Non ! La trajectoire engagée depuis Font-Romeu, jusqu’au 16 juin, se veut être un élan qui donne à chacune et chacun le goût de porter à toutes et tous la joie de l’Évangile qu’il a reçue.