Mercredi 27 octobre en la Cathédrale Saint Jean Baptiste une foule était venu dire au revoir au Père Trillas, qui durant 65 ans de sacerdoce a accompagné des milliers de fidèles diocésains dans leur chemin de foi. Pierre Trillas est entré dans sa nouvelle vie accompagné par de nombreux frères prêtres émus de lui dire "À Dieu".

  Homélie du Père Évêque pour les funérailles du Père Trillas : Sœurs et Frères,

Votre présence nombreuse dans cette cathédrale manifeste votre attachement affectif et fraternel au Chanoine Pierre Trillas. Mais réciproquement si vous êtes ici aujourd’hui, c’est aussi parce que vous saviez Pierre, particulièrement

  • attaché à vous,
  • proche de chacune et de chacun,

avec cette proximité particulière marquée profondément par sa foi, son amour et son attachement à Jésus-Christ qu’il aimait faire connaître, à vous et à tous ceux qui ont croisé son chemin. L’Evangile et l’eucharistie ont été sa boussole pour marcher avec vous et vous aider à orienter votre vie. Oui, Pierre a été votre compagnon de route. Il a partagé une ou plusieurs pages de votre existence, parfois le livre entier de votre vie. Il était là, fidèle. Vous pouviez compter sur lui et personne ne peut l’accuser de non-assistance à la personne dans la difficulté, la souffrance ou la détresse. Pour reprendre les paroles de Paul dans l’Epître aux Romains : « Il se réjouissait avec qui est dans la joie et pleurait avec qui pleure » Pierre Trillas, c’était un bloc, pour ne pas dire un roc sur lequel on s’accrochait. Vous avez fait l’expérience :

  • de son écoute bienveillante,
  • des paroles que l’on a besoin d’entendre, quand on ne sait plus très bien où va sa vie, quand on est à l’heure des grands choix de son existence, quand on a vécu une douloureuse épreuve, quand on a besoin d’être guidé dans sa foi

Pierre savait non seulement trouver les mots, mais il vous portait dans son cœur et c’est là qu’il continue à vous garder précieusement, éternellement parce que vous avez du prix à ses yeux et qu’il vous aime. Fort et solide comme le Cerdan qu’il était, sa carrure et sa taille en imposaient. Elles témoignaient d’une force intérieure qui redonne confiance et aide à avancer dans le sens de la vie. Un prêtre, ce n’est pas d’abord une intelligence aussi brillante fût-elle, une tête bien pleine. Un prêtre c’est d’abord un cœur qui s’est laissé façonné transformé par le Christ et qui, toute son existence, s’efforce d’être pasteur selon le cœur du Christ, en donnant tout de sa vie, de sa foi, sans calcul, sans compter, mais amoureusement, généreusement pour vous. Les discours on les oublie, les mots que l’on prononce s’envolent, mais le bien que quelqu’un a fait en passant dans notre vie reste gravé en nous pour toujours, éternellement. Je crois que de cela, beaucoup parmi vous, pourraient en témoigner et le dire bien mieux que moi.

Par le don de sa vie de prêtre, par celui de sa vie de prière et de sa foi, il savait mettre chacune et chacun sur le chemin de rencontre avec le Christ, en leur laissant toute liberté. C’était sa façon d’être pasteur, pas par prosélytisme, mais par proposition. La rencontre de sa vie, Jésus-Christ, le Fils éternel du Père, il avait à cœur de la proposer, afin que Jésus Ressuscité, puisse offrir Son bonheur, Sa lumière, Sa Joie et sa plénitude de vie, à tous ceux qui lui ouvrent leur porte.

Le ministère de Pierre n’était pas déconnecté de la vie, ni du quotidien. Il ne concevait pas une foi désincarné. Au nom de sa foi en Christ il a ouvert d’innombrables chemins de rencontre et de dialogue pas seulement avec les croyants, mais avec ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas, dans le respect des différences d’opinion, de philosophies et de convictions. Je crois qu’il se voulait profondément frère de tous. La présence parmi nous de nombre de ses amis qui ne partagent pas notre foi en est le signe. Il était certain que le Christ appelle Son Eglise à vivre une fraternité évangélique sans frontière avec tous, sans distinction de race, de culture, de religion ou pas. Cette fraternité universelle, non seulement il l’a mise en pratique dans sa propre vie, mais il nous a appelés à la vivre. Se faire proche de tous, ce n’était pas un slogan pour lui, mais tout ce à quoi Jésus l’appelait au cœur de cette Eglise diocésaine qu’il a aimé et servi comme prêtre de Jésus-Christ dans les différentes responsabilités et les différents lieux que Jean Lafont nous a rappelés il y a quelques instants. Pierre avait à cœur de montrer que Jésus n’est pas la chasse gardée de quelques-uns, mais qu’Il est pour tous. Et que toute personne peut trouver en Lui, une réponse aux questions essentielles de sa vie et un sens qui dépasse largement les limites de notre existence.

Je crois que je ne serai pas complet si je n’évoquais pas avec vous le fichu caractère de Pierre, comme certains l’ont souligné, allant jusqu’à parler de colères « trillassiennes ». Elles étaient comme un appel à secouer les consciences, à ne pas se replier sur soi-même, à ne pas avoir peur de sortir de soi-même pour devenir à la manière du Christ hommes et femmes ouverts à la rencontre de tous. Il y avait de l’impatience chez lui, ses prises de positions audacieuses, manifestaient son désir que l’Eglise ne ressemble pas à une forteresse assiégée, mais qu’elle soit une Eglise en sortie missionnaire, aux portes ouvertes, comme nous y invite le Pape François. S’il était encore parmi nous, je crois qu’il se serait engagé à fond dans le synode sur la synodalité que le Pape François a ouvert à Rome le 9 octobre dernier et nous dans le diocèse, le dimanche 17 octobre. Il voulait des évêques, des prêtres, des religieux et religieuses qui soient le sel de l’Evangile et en transmettent le goût, mais pas que, comme me l’écrivait un frère prêtre. Son engagement dans l’Action Catholique, l’a toujours poussé à « réveiller » la conscience des baptisés, à former des « chrétiens engagés », présence vivante de l’Eglise du Christ au cœur du monde. Il vous a aidé à discerner vos dons et vos charismes, afin que chacune et chacun puisse les mettre au service de l’Eglise et de tous. Toute cette vie, riche, pleine, où le visage du Christ et les vôtres se mêlent sans séparation dans le cœur de Pierre, nous l’offrons au Seigneur dans cette eucharistie. Juste avant de mourir, Pierre a choisi de changer l’Evangile qu’il avait retenu pour ses funérailles et il a préféré celui qui a été proclamé : la parabole du Bon Samaritain. Je ne crois pas qu’il se prenait comme tel. Il a essayé de l’imiter. Comme le Samaritain qui est en route, Pierre a marché avec vous. Sur ce chemin, le Seigneur lui a appris à élargir son cœur de manière à n’exclure personne. Contrairement au lévite et au scribe, il n’a tourné le dos, à aucune de vos souffrances et de vos épreuves. Il a su vous donner son temps pour soigner les bleus à l’âme et au cœur, comme le Samaritain panse les blessures de cet inconnu gisant au sol. Il vous a portés comme ce Samaritain le fait avec cet homme à demi-mort. Comme le Samaritain s’est fait le prochain de cet homme gravement blessé, Pierre s’est efforcé de devenir votre prochain avec ce qu’il était. Je crois qu’il y a mis tout son amour et toute sa foi. Le Samaritain a lié son existence à cet inconnu, comme Pierre a lié la sienne à la vôtre. Il a écouté son cœur comme Pierre écoutait le sien où il sentait battre l’amour du Christ offert à tous. Pierre, vous qui aviez conduit plus de 5000 pèlerins dans la Jérusalem terrestre, vous avez rejoint la Jérusalem céleste où le

Dieu vivant vous a préparé une place. C’est pour vous l’accomplissement de votre vie, la joie et le bonheur de la Rencontre avec Celui qui vous a choisi, appelé, envoyé pour annoncer aux hommes ses merveilles. En Lui, vous trouverez le repos, mais tel que nous vous connaissons, vous ne resterez pas inactif pour autant. Même dans l’éternité vous ne lâcherez pas ceux qui vous aiment et que vous avez aimés et parfois quelques coups de tonnerre dans le ciel de nos vies, nous inviterons à nous retrousser les manches, pour nous rappeler que nous sommes des ouvriers de l’Evangile du Christ et que la mission de l’annoncer n’est jamais achevé. Merci d’avoir été ce bon ouvrier parmi nous, celui qui a su nous communiquer la passion de le devenir. Merci d’avoir été Pierre Trillas, prêtre du Seigneur, notre frère et notre ami.

C’est pendant le chant du Salve Regina, que lui chantaient Sr Candelas, Sr Alphonsa, Cécile, Nicole, que Pierre a rendu son dernier souffle en leur tenant la main, dimanche dernier au matin. Il est parti entouré de tendresse maternelle et Marie, la mère du Seigneur lui a pris sa main paisiblement à l’heure de sa mort pour le faire entrer dans la VIE sans fin, dans le Royaume de Son Fils. Qu’il y repose en paix.

AMEN.